L’Éco animisme ou économie animiste vise à utiliser l’attitude et la pensée animiste et sa relation au monde (respect de la nature, des hommes, des interactions entre les forces cosmiques) pour guider les choix économiques et les méthodes managériales. La pratique des rites et cultes est laissée à la discrétion des individus. Cette phrase a son importance.
La méthode Ka s’inscrit dans cette nouvelle vision du monde des affaires. Elle consiste à donner une âme à son entreprise et à la personnifier tout en lui créant les conditions nécessaires à son développement et à son accomplissement. L’acteur économique est identifié à sa caractéristique d’individu croyant. Le but de cette méthode est d’établir la performance nécessaire à l’acquisition d’une richesse simple c’est-à-dire les biens nécessaires à la non entrave du développement spirituel. C’est un objectif qui peut être individuel ou applicable à un groupe mais sa mise en œuvre reste informelle et empirique. Le développement Agile et le Lean management font partis toutefois des outils pertinents pour accompagner l’élaboration du Système de référence ou corps de connaissance. Ce courant de pensée économique a pour axiome principal : « La responsabilité du Croyant est de s’accomplir spirituellement et matériellement ». Cela implique pour lui de : « S’affranchir des contraintes matérielles afin de favoriser l’accomplissement spirituel ». Il ne s’agit pas ici d’une ascèse mais de la recherche d’une richesse simple respectant un ensemble de principes informels. Les contraintes matérielles sont constituées, par exemple, par la précarité, le surendettement, la surconsommation, l’accès difficile à une retraite décente ou l’impuissance à constituer un patrimoine transmissible…
Il est important de préciser dans quel contexte l’animisme est utilisé ici dans un courant de pensée économique. Plusieurs oppositions peuvent en effet voir le jour contre une forme de pratique religieuse traditionnelle qui s’oppose aux dogmes des principales religions monothéistes qui influencent le monde. Néanmoins, il ne s’agit pas de développer une sagesse des affaires mais bien une pensée économique avec ses outils, méthodes et applications qui respectent la sensibilité élémentaire de certains peuples.
L’Unicité de Dieu n’est à aucun moment remis en cause dans le développement de ce courant de pensée. Le polythéisme diffère de l’Animisme. Il semble pour beaucoup que le polythéisme est une involution du monothéisme et que certains personnages apparaissent à un moment donné de l’histoire pour donner un Rappel clair de la conception originelle sur Le Dieu Créateur entre autre Son Unicité, Son Omnipotence et Son Omniscience.
Selon J. C. Froelich dans son livre « Animismes, les religions païennes de l’Afrique de l’ouest » paru aux éditions de l’Orante, Le polythéisme diffère de l’Animisme (Rappelons-le). Ce dernier peut être souvent vu comme du monothéisme à représentation polymorphique. Des dieux secondaires servent de médiateurs entre les hommes et Le grand Dieu. Rendre un culte à Dieu en reconnaissant les autres dieux donne naissance à ce qui est appelé « l’hénothéisme » par les spécialistes en la matière. Le dieu, souvent l’ancêtre moniteur est lié à l’individu contemporain au sein d’un groupe par une longue chaine. Les panthéons ainsi créés sont spécifiques à chaque peuples incluant un Dieu Créateur et souvent un Héros civilisateur, ou moniteur, ancêtre divinisé des hommes. Ces dieux secondaires, forces de la nature, génies invisibles et autres créatures, premiers occupants et maitre du terroir ou les ancêtres sont subordonnées au Créateur.
Dieu crée l’Âme du monde et la force vitale qui réside dans chaque élément. Les dieux inférieurs suivent comme une fidèle administration. La force vitale est mue par les êtres dont l’Homme par ses sacrifices et sa parole. Présente depuis la nuit des temps, la force vitale permet à l’Homme de par le respect des prescriptions de la conserver et l’accroitre en lui et sa communauté. Le Dieu Créateur est la Cause première et un centre émetteur de force originelle qui alimente un circuit d’énergie qui, parti de lui, anime tout et revient à lui. Sans être magicien ou sorcier nous croyons que l’économie aussi peut déplacer cette force et en faire usage. Afin d’habiliter les peuples de traditions animiste souvent en développement (si on peut se permettre ce cliché) à prendre une part active dans l’économie mondialisée, Il est mieux dans notre idée de bâtir les outils, méthodes et théories utiles pour le réaliser. Ceci constitue un défi de taille à la portée de ce peuple ou une utopie selon sa croyance.
Pour bien comprendre J. C. Froelich qui a ouvert cet exposé à cette science en l’absence d’un contact, à ce jour, avec une lignée traditionnelle et initiatique, le mot « animisme » définit la croyance en l’existence d’un principe immatériel, d’une « âme » résidant dans les êtres et toutes les choses, visibles et invisibles. Que ce soit donc pour les religions du paganisme des cultures primordiales ou une vision cosmique de la présence d’une « conscience élémentaire » dans les plus infimes particules de la matière, l’harmonie semble demeurer entre traditions culturelles et Révélation vivante du monothéisme.
Partant de cette longue explication sur le sens profond de l’Animisme dans l’usage qu’il est proposé d’en faire, le monde économique cesse d’être ce qui nous a été enseigné et d’autres perspectives peuvent s’ouvrir à nous sans réelle initiation et de façon informelle. Ce nouveau courant de pensée parmi tant d’autres peut se faire du tort ou être au-dessus d’autres ou s’atteler à rester entre ces deux frontières : économie et spiritualité.
Dans la conception et l’apprentissage reçu, on s’attelle à connaitre les lois du marché qui guident les échanges mondiaux libéralisés ou non et, par qui, les états sont en interaction perpétuelle pour créer la moindre richesse matérielle (PIB, Inc etc.) et s’imposer à l’échiquier international et affirmer leur souveraineté. Les monnaies séculières et de refuge tel l’or et l’argent ou le troc dans une économie locale ne sont plus accessibles pour la plupart des peuples attachés à leurs traditions et le passage par une cotation en bourse est quasi obligatoire. C’est donc avec les devises de chaque région que doivent s’édicter les méthodes de commerce pour les acteurs potentiel intéressés à participer à ce courant. Une adaptation au contemporain qui se fait une place dans les habitudes de vie de tout un continent et des peuples partageant les mêmes réalités. L’habitude de l’adaptation.
La nouvelle attitude serait de ne plus avoir de crainte à l’idée d’une affirmation économiques et des défis pour faire avancer les états, peuples et civilisations en lieu et place d’une attente inlassable des aides extérieurs et de baigner dans une résignation et de constituer ainsi une grande inertie. Prendre en main son développement, sa souveraineté et son affirmation ; sans doute une question de fierté. Des voix unis venant de la diaspora et du continent pas seulement africain mais un continent aux limites du tiers voire du quart monde peuvent à présent apporter leur contribution à bâtir une alternative à des courants économiques au contenu implacable qui sont imposés sans l’appréhension de ses subtilités par les peuples cibles par manque de réalisme (d’indépendance ?) ou par un accès insuffisant aux systèmes d’éducation sensés présenter ces matières. Un fossé sépare souvent les dirigeants et les administrés, élites et couches populaires, intérêts et impuissance. C’est une aventure de longue haleine pour laquelle on se doit de bâtir une science empirique renforcée par des résultats de travaux de spécialistes. La contribution de tout connaissant est la bienvenue et des exemples de réalisation à large échelle telle Wikipédia montre la puissance de l’interconnexion par Internet et du contrôle mutuel. Que coute-t-il d’essayer ? Rien sinon le confort de n’avoir rien tenté pour sortir par notre propre initiatives les générations futures du lourd tribut des erreurs de l’histoire. Créer une synergie entre les connaissances et un montre d’unité. Serait-ce cela laver un karma économique ? Que sais-je ? Nous avons à apprendre des autres cultures et pour nous améliorer. Les initiatives ne se font pas attendre sur le parcours de notre civilisation mais a-t-on la patience de les saisir et de les mener à bien ?
L’Afrique recèle de pratiques simples qui alimentent le quotidien du commerce informel ou des sociétés et groupe de vie traditionnels. Plusieurs peuples ont leur tradition dans le commerce, l’agriculture, l’élevage ou la pêche associés à un sous- sol et des ressources naturelles encore exploitables de façon équitable, durables et écologiques qui doivent pouvoir alimenter une dynamique de transition vers un secteur tertiaire et être ainsi un avantage concurrentiel parmi tant d’autres de ceux potentiels du continent noir. De Tripoli à Johannesburg en passant par Luanda ou Addis-Abeba, l’inventaire et l’analyse de nos pratiques domestiques serait l’excellent point de départ pour tirer profit d’une richesse culturelle et adhérer à la bonne pensée économique devant créer de la richesse juste par nos efforts communs.